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06/03/2016

Ankara-Bruxelles : cynisme contre irréalisme

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Plus les migrants arrivent dans l'UE, plus M. Erdogan a prise sur elle... et plus il a intérêt à les y faire arriver :


 

Lundi 7 mars à Bruxelles, l'UE va faire des offres supplémentaires à M. Erdogan pour qu'il « aide à maîtriser » la « crise migratoire ».

Il a donc intérêt à laisser monter le flot qui fait monter les enchères. C'est ainsi depuis le « plan d'action euro-turc » de novembre, resté lettre morte malgré le chèque de trois milliards d'euros à la Turquie... Pour l'instant, Ankara a obtenu (outre le chèque) l'entrée sans visa des ressortissants turcs en Europe, et surtout la « relance du processus d'adhésion de la Turquie à l'UE ». Si demain la Turquie faisait partie de l'espace Schengen, plus aucun filtrage de migrants ne serait possible : mais cette évidence concrète semble échapper aux organes bruxellois. Le seul problème dont ils paraissent avoir conscience est l'offensive de M. Erdogan contre les journaux turcs ; mais leur parade est prête : « Si la Turquie était dans l'UE, elle respecterait la liberté de la presse. » C'est ce qu'on appelle un élément-de-langage, dans ce qui tient lieu de diplomatie aux Européens.

Ce qui semble également échapper aux organes bruxellois, c'est que leur impéritie dans la « crise des migrants » est en train de disloquer l'Union européenne. Un à un, les Etats reprennent leur liberté de manoeuvre. Plusieurs dizaines de milliers de malheureux sont actuellement bloqués en Grèce par la fermeture des frontières balkaniques ; les prochains arrivages migratoires sur le territoire grec (facilités par la Turquie) vont encore aggraver la situation, et alourdir la mauvaise conscience des Européens.

C'est bien là-dessus que compte Ankara.

Les services turcs laissent d'ailleurs franchir la frontière syrienne à de nouveaux volontaires du djihad. Mission : attaquer les Kurdes (qui combattent les djihadistes). Pourquoi la Turquie a-t-elle intérêt à voir le conflit ne pas s'éteindre en Syrie ? Pour plusieurs raisons turques, dont celle que j'indique plus haut.

Propre au régime Erdogan, ce jeu infernal ne s'arrêtera que sous la pression d'un imprévisible élément extérieur : soit un changement de ton des Européens (mais personne n'y croit) ; soit l'embrasement de tout le Proche-Orient, sans doute par la faute du boutefeu qu'est le jeune prince-ministre de la Défense saoudien. Ce qui ferait passer l'Europe et le monde dans un autre scénario...

 

18:48 Publié dans Europe, Syrie, Turquie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : turquie, europe, syrie

Commentaires

LIVRE

> Pour ceux qui, en voyant la marche du monde, désespèrent : un petit ouvrage qui m'a l'air plutôt bien (pas encore lu, car pas encore paru) :
http://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/17611/veilleur-ou-en-est-la-nuit
Koz en parle sur son blog :
http://www.koztoujours.fr/veilleur-ou-en-est-la-nuit
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Écrit par : Feld / | 06/03/2016

AUTODÉPORTÉS

> Le tout avec la bénédiction de Washington et de tous les milieux financiers.
Déplacement, déracinement et déculturation des populations sont des outils de pouvoir des empires. Vieille histoire: Les Assyriens l'on fait au peuple d'Israël, les Romains installaient des populations par-ci par là, comme les Vénêtes sur l'Adriatique, d'ou le nom de Venise. L'URSS a déporté des groupes ethniques. De nos jours, c'est plus "soft", on s'arrange pour rendre la vie impossible aux peuples à déporter, ils se déportent de leur propre initiative.
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Écrit par : Pierre Huet / | 06/03/2016

LA VIE LIBÉRALE

> "De nos jours, c'est plus "soft", on s'arrange pour rendre la vie impossible aux peuples à déporter, ils se déportent de leur propre initiative."
Et en plus on fait du fric sur leur dos avec les réseaux mafieux...
C'est pas beau la vie libérale ?
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Écrit par : VF / | 07/03/2016

LA "CONSTRUCTION EUROPÉENNE"

> L'Europe est déjà trop étendue, et par conséquent inefficace.
C'était, de plus, une erreur de vouloir accueillir des Etats issus de l'Ancien empire romain d'Orient : la Grèce il y a quelques années, la Bulgarie, peut-être la Turquie. "Peut-être", parce que très probablement, l'adhésion ne se fera jamais. L'envie n'y est plus, ni d'un côté ni de l'autre. Tant mieux.

Blaise


[ PP à Blaise :
L'envie n'y est plus ? Peut-être : mais la "construction européenne" n'est pas une question d'envies. C'est une machinerie. La mécanique est en place ; l'élargissement (couplé au libre-échangisme économique) est l'algorithme directeur de la "construction européenne", seule identité officiellement admise pour définir "l'UE". Celle-ci est un jeu de Lego abstrait, produit dérivé du libéralisme qui refuse de correspondre à un espace d'histoire et de civilisation.
Dès l'instant où "l'UE" renoncerait à l'élargissement, elle perdrait son moteur et son mobile.
La crise actuelle est donc plus qu'une crise : c'est la minute de vérité. Ou bien il y aura emballement de la mécanique euro-libérale contre les réalités (avec catastrophe économique, sociale et géopolitique) ; ou bien il y aura victoire objective des réalités (avec dislocation de la mécanique). ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 08/03/2016

> J'ai déjà fait mon deuil de l'UE.
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Écrit par : Blaise / | 08/03/2016

Les commentaires sont fermés.